2 Rois 5:12-27
«Voici, je
me disais...»
1. L’amère expérience de Naaman
Un homme se tient devant la porte du prophète Élisée. C’est
un homme haut placé, venu de la Syrie voisine, accompagné d’une grande
délégation. Pourtant, la mission de cet officier de haut rang (il est le chef
de l’armée syrienne) n’est pas d’ordre politique ou diplomatique. Cet homme est confronté à une
difficulté personnelle grave: il est atteint d’une maladie incurable. Tous ses
succès militaires ne comptent plus, car c’est maintenant de sa vie qu’il
s’agit. Les médecins qu’il a consultés ne peuvent pas l’aider. Il est
atteint de la lèpre, maladie inguérissable et sans espoir.
Mais un trait de lumière est apparu à l’horizon. Une jeune
fille du peuple d’Israël, une prisonnière de surcroît, a donné un conseil à sa
femme : il devrait aller vers le prophète en Israël ; lui pourrait l’aider. L’homme s’est mis en chemin. Après
quelques détours, il se tient finalement, sans doute anxieux et impatient,
devant la porte de l’homme de Dieu.
Mais voici que Naaman, le Syrien, s’est aussi imaginé très
concrètement de quelle manière il devait être guéri. Il y avait réfléchi et avait conclu que le
prophète Élisée devait le recevoir avec les honneurs dus à son rang, invoquer
solennellement son Dieu et enfin promener sa main sur la peau malade.
Mais quelle déception ! Il n’y a point de réception
solennelle, point de marques de respect. Le prophète Élisée n’envoie à la porte
que son serviteur. Et pire
encore est le message transmis : le grand homme de Syrie devrait se baigner
sept fois dans le Jourdain. Traite-t-on ainsi un homme qui est habitué à
ce que tout lui obéisse ? Rempli de colère, il se détourne et se prépare à
rentrer chez lui.
2. Les raisons de la déception
Arrêtons-nous un instant à ce point-là du récit. Chaque
lecteur de la Bible connaît bien la fin heureuse de l’histoire de Naaman, mais
ce n’est pas cela qui nous occupe maintenant. Demandons-nous pourquoi Naaman
est devenu ainsi furieux ? Une des raisons est vraisemblablement que son moi a
été blessé. Comment osait-on agir ainsi avec lui, comment pouvait-on lui
demander de se baigner dans un cours d’eau d’Israël, alors que les fleuves de
sa patrie lui semblaient bien meilleurs ? Qu’allaient penser les gens ?
Une autre
raison est sûrement que l’invitation d’Élisée lui semblait trop facile. Il
était prêt à faire quelque chose de grand, à dépenser une fortune. N’avait-il
pas exprès emporté avec lui de l’argent et de nombreux cadeaux ? Ce que le prophète demandait était
vraiment trop bon marché.
Mais une
troisième raison nous apparaît. Naaman était venu avec des idées préconçues
très précises, et les choses se déroulaient tout autrement. Il confesse : «
Voici, je me disais... » C’est de là que vient toute sa déception. Ce que le
prophète lui a fait transmettre était trop différent de ce qu’il s’était
imaginé. Déçu et vexé, il s’en retourne furieux. Si ses serviteurs ne l’avaient
pas ramené à la raison, il serait mort de sa maladie.
3. Idées
humaines concernant le salut
Les
quelques mots de Naaman : « Voici, je me disais... », illustrent l’état
d’esprit de beaucoup aujourd’hui.
En premier
lieu, nous pouvons les appliquer aux incroyants qui cherchent à résoudre
le problème de leur culpabilité et de leurs péchés. La lèpre dont Naaman était atteint est en effet
une image du péché qui sépare l’homme de Dieu. Il n’existe qu’une solution
à ce problème : c’est celle que Dieu a donnée. Le seul moyen de salut est la
mort de Jésus sur la croix. « Il n’y a de salut en aucun autre ; car aussi il
n’y a point d’autre nom sous le ciel, qui soit donné parmi les hommes, par
lequel il nous faille être sauvés » (Act. 4:12). Il n’y a qu’un seul chemin,
pas deux.
Nombreux sont ceux qui, aujourd’hui, ont de la peine à
s’engager sur ce chemin. Ils
ne veulent pas accepter simplement ce que Dieu dit. Comme Naaman, ils se
sentent blessés dans leur moi. Comme lui, ils trouvent que ce chemin est
beaucoup trop facile et ils ont leurs propres idées sur la façon dont ils
peuvent être sauvés. Combien de fausses voies de salut existent
aujourd’hui ! Elles sont à la mesure de la fantaisie et des pensées des hommes,
mais elles ne mènent jamais au but.
C’est que le diable s’ingénie à donner aux hommes de
nouveaux moyens imaginaires par lesquels ils pourraient trouver le salut. C’est
toujours l’homme lui-même qui veut ou doit faire quelque chose pour cela. Mais
devant Dieu, tous ces efforts sont vains. Peu importe ce que nous pensons,
nous. Ce qu’il faut, c’est que nous nous engagions sur le chemin de salut que
Dieu a donné. Avec un « Voici, je me disais... », on ne peut que se perdre.
Nous devons accepter ce que Dieu dit, même si cela diffère complètement de ce
que nous avons pu imaginer.
4. L’aide de Dieu — nos réflexions
Cependant,
les paroles de Naaman constituent aussi un avertissement pour nous croyants.
Comment nous comportons-nous quand nous avons une difficulté? Nous nous
tournons peut-être vers Dieu, nous le prions, mais en même temps, n’avons-nous
pas souvent des idées déjà faites sur la manière dont il devrait nous aider? Et
alors nous sommes déçus quand Dieu répond de façon différente. Nous disons
comme Naaman : « Voici, je me disais...
».
Marie et
Marthe, les deux sœurs de Béthanie, étaient en grand souci. Leur frère Lazare
était malade. Pleines de confiance, elles se tournent vers leur Maître: «
Seigneur, voici, celui que tu aimes est malade » (Jean 11:3). Elles ne disent
rien de plus, mais au fond de leur cœur — la suite du récit de Jean 11 nous le
montre — elles s’étaient imaginé que le Seigneur viendrait tout de suite guérir
Lazare. Elles avaient réfléchi et étaient arrivées à cette conclusion. Il ne
leur était pas venu à l’esprit que le Seigneur pouvait agir tout autrement. Et
à cause de cela, il y eut d’abord la déception et la tristesse, puis, lorsque
le Seigneur intervint, un grand étonnement. Mais par cette résurrection,
elles apprirent à connaître la gloire du Fils de Dieu d’une façon toute
nouvelle.
Cela signifie-t-il que nous ne devons pas réfléchir? Très
certainement pas. La capacité de penser sainement est un don du Créateur, pour
lequel nous pouvons être reconnaissants. Mais nous ne devons pas devenir
esclaves de nos pensées. En fait, elles n’évoluent que dans un cadre très
limité. En tant qu’êtres humains, nous sommes liés au temps et à l’espace. Les
expériences du passé nous amènent à tirer des conclusions pour le futur. Mais la
logique humaine n’est pas la logique divine. Dieu n’est limité ni dans le temps
ni dans l’espace, et ses possibilités ne se heurtent à aucune barrière. « Mes
pensées ne sont pas vos pensées, et vos voies ne sont pas mes voies, dit
l’Éternel : car comme les cieux sont élevés au-dessus de la terre, ainsi mes
voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos
pensées » (És. 55:8, 9). Souvent, nous cherchons désespérément toutes les
solutions possibles et oublions que Dieu nous réserve peut-être une surprise.
Sa manière d’intervenir sera peut-être complètement différente de tout ce que
nous avons pu supposer.
N’avons-nous pas tendance à vouloir apporter nous-mêmes
quelque chose à la solution de nos problèmes ? Nous demandons bien l’aide de
Dieu, mais nous réfléchissons en même temps à toutes les initiatives que nous
pourrions encore prendre. Et Dieu doit alors nous faire sentir notre
incapacité.
Considérons un autre exemple : Le peuple d’Israël s’était
rassemblé pour le combat contre les Philistins. Le géant Goliath avait enlevé
au roi Saül et à ses troupes tout espoir de victoire. Ils tremblaient de peur.
C’est alors que David, jeune berger, entre en scène, prêt à se présenter contre
le géant. Et que fait le roi Saül ? Il n’a ni foi ni confiance en Dieu. Il calcule selon son raisonnement
humain. Il réfléchit et arrive à la conclusion que ses armes ont une certaine
utilité. David peut-il s’avancer au combat sans aucune aide de sa part ?
Mais peu de temps après, David donne à Goliath la bonne
réponse. Il dit : « Toute cette congrégation saura que ce n’est ni par l’épée,
ni par la lance, que l’Éternel sauve » (1 Sam. 17:47). L’épée et la lance étaient, selon le
raisonnement humain, les seules armes par lesquelles Goliath pouvait être vaincu.
Mais elles ne l’étaient pas pour Dieu. Il avait des possibilités bien
différentes. David comptait avec cela, au contraire de Saül et du peuple.
« Voici, je
me disais... » Avec cette disposition d’esprit, nous vivrons maintes
déceptions. Faisons paisiblement confiance à notre Dieu, sans limiter
ses possibilités d’intervention à nos capacités de réflexion. Nos situations
extrêmes ne font que fournir à Dieu des occasions de manifester sa puissance. Cette pensée devrait toujours nous
redonner du courage, et surtout quand nous ne voyons plus d’issue. Notre
Dieu en a toujours une.
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