VERCORS

"L´honneur d´être homme, c´est le courage sans récompense, c´este vivre sans connaître encore sa raison de vivre."
Ces paroles, Vercors les écrivait dans Colères em 1955, et eles nous donnent la clé en même temps que la synthèse de sa pensée. En effet, Jean Marcel Bruller, qui prendra plus tard place dans la littérature sous le nom de Vercors, sera un des écrivains qui, à l´image de Kafka, de Sartre, de Camus, s´interrogent sur l´homme. Toute son oeuvre est dominée para cette interrogation: Qu´est-ce que l´homme? Qu´est-ce qui constitue la spécificité de l´homme? Existe-t-il une solution de continuité entre les espèces animales supérieures et l´homme, ou, aux termes de l´évolution, existe-t-il une spécificité de l´homme quei n´a appartienne qu`à lui?

Jean Bruller est né à Paris em 1902: il renonce à une carrière d´ingénieur pour se consacrer au dessin. Il publie des albums satyriques et des estampes sous le titre de Relevés trimestriels. Il illustre des ouvragesde bibliophilie. Pendant l´occupation, il participe à la Résistence et c´est là qu´il écrira, sous le nom de Vercors, Le silence de la mer, La marche à l´étoile, et qu´il fonde avec d´autres écrivains clandestins "Les Éditions de Minuit". Aprés la Libération, il poursuit sa carrière d´illustrateur et d´écrivain.

Pour Vercors, comme pour Albert Camus, les hommes meurent et ils ne sont pas heureux. Vercors cherchera sans cesse à dépasser ce désespoir, sans pour autant demander une solution à la raison, à la métaphysique ou à la religion. Pour lui, tout se vaut, la réussite ou l´échec, le bien et le mal; l´admiration, cela ne veut plus rien dire. Pour lui, comme ses critiques l´ont fait remarquer, l´homme est, sans conteste, un roseau pensant dont la pensée interroge indéfiniment, sous un ciel vide, la douleur et la faiblesse humanines. Mais son dénuement a inventé la fraternité.

Comme je l´ai déjà fait remarquer, Vercors essaiera de sauver l´homme de l´infifférence, de réussir à préserver em lui sa qualité d´homme, ce qu´il y a de sacré et de partageable en chacun de nous. Cette exigence lui imposera de se révolter contre toutes les formes de dégradation, contre toutes les forces anonymes et impitoyables de l´animalité, dans l´espoir, toujours incertains, toujours remis en question mais tenace, d´une fraternité humanine possible. C´est cela que nous allons retrouvr aussi dans ce livre merveilleux qui a rendu Vercors célèbre et qui s´intitule Le silence de la mer.

Dans ce très beau livre, Vercors pose le problème de l´intégrité de l´homme dans l´ennemi. L´ennemi qui rend impossible le fait de rendre justice à sa qualité d´homme, puisque les occupés n´ont le droit de ne voir em lui que l´ennemi, et ne peuvent lui opposer que le silence de la mer.

C´est dans ce climat, devant le propriétaire de la maison qu´il occupe et devant sa nièce, qu´un officier allemand parle sans trêve pour convaincre ses hôtes de son humanité, de son impossibilité à être l´ennemi. Il essaie vainemente d´entrer en dialogue avec eux, il essaie vainemente de se faire accpter comme un homme para eux; il n´y parvient pas. Et pourtant, curieusement, entre l´officier allemand et la nièce, des liens subtils que l´on pourrait appeler "l´amour" se nouent. Mais la nièce ne peut s´empêcher de voir en l´Allemand un ennemi, et elle ne peut accepter ce qu´il lui dira. La fin du livre est significative; j´aimerais en relever quelques lignes. Werner von Ebrennac, l´officier allemand, va partir em Russie. C´est le dernier soir.

"Sa voix était étrangement dénuée d´expression: ´Je vous souhaite un bonne nuit´. Je crus qu´il allait fermer la porte et partir. Mais non. Il regardait. Il dit, il murmura: Adieu. Il ne bougea pas. Il restait tout à fait immobile et dans son visage immobile et tendu, les yeux étaient encore plus immobiles et tendus, attachés aux yeux - trop ouverts, trop pâle - de ma nièce. Cela dura, dura - combien de temps! - dura jusqu`à ce qu´enfin la jeune fille remuât les lèvres. Les yeux de Werner brillèrent. J´entendis: - Adieu. Il fallait avoir guetté ce mot pour l´entendre, mais enfin je l´entendis. Von Ebrennac aussi l´entendit, et il se redressa, et son visage et tout son corps semblèrent s`assoupir comme après un bain reposant. El il sourit, de sorte que la dernière image que j´eus de lui fut une image souriante. Et la porte se ferma et ses pas s´évanouirent."

En suivant le cheminement de cet homme, cet officier qui essaie de prouver son humanité à ces deus êtres, l´homme et sa nièce, je n´ai pu m´empêcher de penser à quelqu`un d´autre, dont la Bible nous parle, et qui lui aussi a essayé de s´imposer comme l´homme, Jésus. Que n´a-t-il pas fait pour prouver qu´il était venu pour sauver, guérir, humaniser; et pourtant, combien peu de personnes ont accpté ses paroles, ont reconnu en lui le Fils de Dieu. Partout où il passait, il humanisait. Je pense à ce pauvre aveugle, mendiant au bord du chemin, qui menait une survie misérable car sa vie n´avait rien de beau. Et voilá que Jésus passe. Et voilà que la main de Jésus se pose sur lui et ses yeux s´ouvrent; il est guéri, il peut commencer une vraie vie humaine (Luc 18:35-43). Je pense à ce pralytique qui, depuis 38 ans, croupissait dans la misère, qui depuis 38 ans menait une vie qui ressemblait plus à celle d´un animal qu`à celle d`un être humani; et voilà que Jésus vient. Et voilà que Jésus lui pose cette question surprenante: - Veux-tu être guéri? Et lorsque l´homme lui fai comprendre que c´est encore son plus cher désir, Jésus lui dit: Léve-toi et marche! Et pour la première fois de sa vie, sans doute, il peut se lever et marcher (Jean 5:1-9).

Mais, malgré toutes ces preuves, malgré toutes ces affirmations, on ne voudra pas de Jésus, on finira par l´arrêter, para le traduire devant Ponce Pilate; et curieusement, Ponce Pilate, un romain, reconnaît en Jésus un homme! Et c´est lui qui prononcera ces paroles étonnantes à son encontre: Ecce Homo - Voici l´homme! Cela n´empêchera pas les autres de le rejeter, de le clouer sur une croix. Qu´avait-il fait pour mériter ce supplice? Même Ponce Pilate dira: Je ne trouve em lui aucune faute, rien qui mérite la morte. On le rejette, on le bafoue, on le tue.

La Bible, contrairemente à Vercors, nous montre un ciel qui n´est pas vide, mais un ciel où demeure un Dieu tout-puissant, agissant. Et le troisième jour, Dieu ressuscite Jésus. Jésus réapparaît et Jésus bouleverse la vie de beaucoup d´hommes; et il continue de le faire.

Jésus a-t-il déjà bouleversé votre vie? L´avez-vous accepté? Ou, comme cette nièce et l´homme du roman de Vercors, opposez-vous à Dieu le silence de la mer? Pourquoi ne pas lui dire, non pas ce que la jeune fille dira à la fin du roman, "Adieu" mais "Bonjour". Acceptez d´entrer dans un dialgogue avec Jésus. Pourquoi ne vous mettriez vous pas une fois à genoux pour lui dire: "Seigneur Jésus, si c´est vrai que tu frappes aussi à la porte de ma vie, alors entre, et fais-toi connaître à moi, afin que ma vie devienne une vraie vie, une vie qui a un sens, une vie qui a un but." Ce qui est extraordinaire, si vous vous trounez vers Jésus, c´est que lui, il ne vous oposera pas le silence de la mer. Il vous répondra et vous bénira aujourd´hui.