S’aimer l’un l’autre


« C’est ici mon commandement, que vous vous aimiez l’un l’autre, comme moi je vous ai aimés » (Jean 15:12). Le Seigneur Jésus a dit cela à ses disciples lorsqu’il s’engageait dans le chemin où il allait démontrer son amour de la façon la plus complète, le chemin de la croix. Ces paroles n’ont rien perdu de leur valeur pour nous. Le commandement du Seigneur est que nous nous aimions l’un l’autre. L’amour envers ceux qui font partie de la famille de Dieu est une preuve que nous sommes passés de la mort à la vie (1 Jean 3:14).

L’amour — il n’existe probablement pas de mot dont le sens profond et véritable ait été autant altéré par les hommes. Quelle signification donne-t-on à l’amour dans ce monde ? Beaucoup n’y voient que la satisfaction de leurs désirs charnels et égoïstes. Mais l’amour n’est-il pas infiniment plus, ou plutôt, n’est-il pas quelque chose de complètement différent de l’accomplissement des aspirations du moi et de ses convoitises ? Sans doute y a-t-il aussi dans ce monde des hommes pour qui l’amour a une signification plus élevée. Mais pour tous ceux qui sont nés de Dieu, seul est important ce que la Bible nous en dit.

1 Dieu nous aime — nous pouvons l’aimer

En considérant quelque peu ce sujet dans cette lumière, nous sommes immédiatement conduits à Celui duquel il est dit : « Dieu est amour » (1 Jean 4:8). Nous ne pouvons ni comprendre ni expliquer cette déclaration profonde. Comment oserions-nous, êtres humains si limités, dire ou écrire quoi que ce soit concernant la nature de Dieu ? Ce que nous pouvons voir, par contre, c’est la manifestation de l’amour de Dieu dans son Fils.

Là nous découvrons que l’amour divin n’est jamais égoïste ; il n’a pas lui-même pour but. Et il est toujours en relation avec l’activité. C’est l’essence de cet amour que d’être actif. L’amour divin donne ; c’est son caractère propre. Cela ressort déjà du verset bien connu de Jean 3:16 : « Car Dieu a tant aimé le monde, qu’il a donné son fils unique ». Dieu a aimé, et c’est pourquoi il a donné. Aimer et donner forment un tout.

Oui, l’amour de Dieu est désintéressé : « Dieu... n’a pas épargné son propre Fils, mais... l’a livré pour nous tous » — « Dieu constate son amour à lui envers nous, en ce que, lorsque nous étions encore pécheurs, Christ est mort pour nous » (Rom. 8:31 ; 5:8). Dieu n’a pas pensé à lui, mais à ceux qui étaient ses ennemis. Son amour l’a conduit à ne pas épargner son propre fils.

Dans son amour, Dieu fait entrer les hommes dans une relation avec lui-même. Ce faisant, il n’abandonne rien de sa gloire, car l’œuvre de la croix lui donne un fondement de justice pour cela. Son amour « est versé dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné » (Rom. 5:5). Ainsi, les enfants de Dieu non seulement sont au bénéfice de cet amour et y trouvent toute leur joie, mais ils sont rendus capables de manifester eux-mêmes l’amour, l’amour divin. Le Père nous aime, le Fils nous aime, et nous pouvons répondre à cet amour en aimant nous aussi.

Le Seigneur Jésus explique à ses disciples le rapport entre ces choses. Il dit : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés ; demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour ; comme moi j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour » (Jean 15:9, 10). Il est facile de dire que nous aimons le Seigneur, mais voici un test pour mettre cette déclaration à l’épreuve : Gardons-nous ses commandements, sommes-nous prêts à accomplir ses désirs ? Ne pensons pas aux autres, mais répondons à cette question pour nous-mêmes.

2 Aimer les autres d’un amour divin

Notre amour n’est pas seulement envers Dieu, le Père et le Fils. Nous aimons également nos frères et nos sœurs. La mesure de notre amour les uns envers les autres est notre amour pour Dieu. Lorsqu’il en est ainsi, nous ne sommes pas occupés de nous-mêmes, mais de ceux que nous aimons — de nos frères et de nos sœurs. L’apôtre Jean écrit : « Bien-aimés, aimons-nous l’un l’autre, car l’amour est de Dieu, et quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu » (1 Jean 4:7). L’appel à nous aimer l’un l’autre est fondé sur le fait que l’amour est de Dieu. Il y a donc un lien étroit entre l’amour de Dieu et le fait que nous nous aimons l’un l’autre.

Et maintenant, comment l’amour s’exprime-t-il dans la vie quotidienne ? Se limite-t-il à ce que nous nous disions l’un à l’autre que nous nous aimons beaucoup ? Très certainement pas. Imaginerions-nous, par exemple, des époux qui ne font que parler de l’amour, mais ne le montrent aucunement dans la pratique ? Certes pas. À ce sujet, l’apôtre Jean nous dit : « Enfants, n’aimons pas de parole ni de langue, mais en action et en vérité » (1 Jean 3:18). Cela ne signifie naturellement pas que nous n’avons pas le droit de dire que nous nous aimons ; cela signifie que l’amour ne se réduit pas à cela. Dire que nous aimons n’est pas encore aimer en réalité.

L’amour ne se limite pas non plus seulement à des sentiments. Bien sûr, notre cœur a des sentiments ; et l’amour a certes affaire avec cela. Jean écrit aussi à ce sujet : « Celui qui a les biens de ce monde, et qui voit son frère dans le besoin, et qui lui ferme ses entrailles, comment l’amour de Dieu demeure-t-il en lui ? » (1 Jean 3:17). Cependant il demeure vrai que ni les mots ni les sentiments seuls ne donnent à l’amour son caractère essentiel. Pour cela il faut quelque chose de plus : l’action et la vérité.

« En vérité » signifie vraiment et honnêtement, et non pas avec hypocrisie ou mauvaise foi. Il est évident que le danger de ne pas aimer « en vérité » est très grand si l’on croit que l’amour peut se limiter à des paroles. Plus nous parlons d’amour envers nos frères et sœurs, plus le risque est grand qu’il ne s’agisse pas d’un amour vrai, mais de quelque chose de superficiel.

3 L’amour pratiqué

Aimer « en action » est le résultat du travail opéré par Dieu dans notre être intérieur. Si notre cœur est touché de la bonne manière, l’amour ne reste pas un sentiment, mais il se démontre alors en activité. Inversement, l’activité sans les sentiments du cœur laissera toujours une impression de froideur. Les deux vont absolument de pair. Pratiqué de cette manière, l’amour portera les caractères de l’amour divin qui en est la source. Il sera d’abord désintéressé et ensuite prêt à donner Celui qui aime ne pense pas à lui-même et à son propre intérêt, mais il recherche ce qui fait du bien à son frère et à sa sœur, à ce dont ils ont besoin. Une telle façon de se comporter est en contraste absolu avec ce qui est enseigné et pratiqué dans notre société moderne de la fin du 20e siècle. « Chacun est d’abord le prochain de lui-même », telle semble être la devise selon laquelle beaucoup d’êtres humains vivent aujourd’hui, et les enfants de Dieu sont en grand danger de se conduire selon ce principe.

La pratique de l’amour commence par la connaissance des besoins de nos frères et sœurs. Cela présuppose de l’intérêt les uns pour les autres. Là où cet intérêt manque, la base de l’amour actif est ôtée. Nous pouvons bien nous demander, chacun pour nous-même : quel intérêt avons-nous les uns pour les autres, dans quelle mesure connaissons-nous leurs besoins ? Cela concerne d’abord notre propre famille (la relation entre conjoints ou entre parents et enfants) ; cela est valable dans l’assemblée locale, de même que dans tous nos contacts avec autrui. Dieu voudrait tout d’abord ouvrir nos cœurs les uns pour les autres.

La pratique de l’amour, ensuite, se montre dans une attitude disposée à donner à l’autre ce qui lui fait du bien. Nous avons à lui être utile, à rechercher son avantage, et prendre garde à ne pas lui faire de tort. Jean dit même que nous devons laisser nos vies pour nos frères (1 Jean 3:16). Cela va très loin, et n’est que très rarement appliqué à la lettre (bien qu’il y en ait des exemples dans l’histoire de l’Église). Mais ce que nous devons retirer pour nous de cette déclaration est que l’amour est prêt au sacrifice. Il est relativement facile d’aimer quand nous en retirons un avantage pour nous-mêmes, ou du moins quand nous ne subissons aucun préjudice. Mais qu’en est-il lorsque l’intérêt de notre frère est au détriment du nôtre ? Acceptons de nous poser cette question.

L’apôtre Paul rend témoignage aux assemblées de Macédoine qu’ils s’étaient premièrement donnés eux-mêmes au Seigneur, et puis à Paul et à ses collaborateurs (2 Cor. 8:5). Le dévouement et l’amour pour les autres présupposent donc le dévouement et l’amour pour le Seigneur. Cela ne vient pas de nous-mêmes, mais cela découle du fait que nous nous savons aimés de Dieu, que nous jouissons de son amour et que nous le laissons agir en nous. « Nous l’aimons parce que lui nous a aimés le premier » (1 Jean 4:19).

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