Lectures bibliques: Ephésiens 4: l'unité de la foi et la vie nouvelle
Jean 14:5-7, 15-17; 16:12-15; 18:33-38 ; Esaïe 7:1-9
La notion de vérité a perdu au sein de notre culture de sa vigueur et de sa substance. En effet, on n'en parle plus guère au sens objectif, et encore moins au sens absolu. Lorsqu'on parle de vérité, on lui reconnaît le droit de cité dans le domaine des sciences mais on insiste aussitôt sur sa relativité. L'homme seul, fini, c'est-à-dire créé, ne peut avoir qu'une conception partielle et limitée de la vérité. Cette approche plus humble est saine dans la mesure où elle ne débouche pas sur le scepticisme. Qui peut prétendre à une connaissance exhaustive de la vérité?
Lorsqu'on parle de vérité aujourd'hui, on pense aussi au consensus, à l'opinion publique. Est vrai ce que croit la majorité de la société, d'un groupe, d'une communauté - que ce soit dans le domaine de la pensée ou des mœurs. C'est le consensus sociologique qui détermine la réflexion et le comportement de nos contemporains. Et comme les hommes ont soif d'infini, ils absolutisent très vite cette opinion publique!
Dans le domaine religieux, la vérité est essentiellement du domaine relatif et subjectif. Tout est vérité, quelle que soit l'opinion avancée, quel que soit le point de vue. Toute discussion objective, cohérente et intellectuelle de la vérité est mal vue. "Selon la bonne doctrine d'aujourd'hui, l'erreur a droit à sa part de représentation proportionnelle au sein de la vérité. Plus vous vous trompez, plus vous êtes dans le vrai." Il s'ensuit deux manières de la concevoir:
soit la vérité est une réalité qui constamment vous échappe. Elle suppose alors une quête sans fin, une recherche jamais assouvie;
soit elle s'identifie à l'expérience personnelle. Elle a alors une valeur subjective, individuelle mais sans fondement rationnel et objectif.
A plus d'un point de vue, notre époque partage le scepticisme de Pilate, qui, lorsque Jésus lui parle de vérité, répond: "Qu'est-ce que la vérité?" Elle recherche bien quelque chose, à tâtons, dans la nuit. Elle a soif d'absolu mais elle ne pense pas vraiment qu'il y ait une réponse. Bien souvent notre génération choisit d'être aveugle, "de réprimer, d'étouffer la vérité (de ce qui est) et de la retenir captive de l'injustice" (Rm 1:18)1.
I. La vérité de Dieu
Dans son épître aux Ephésiens, Paul revient sur cette notion à plusieurs reprises. C'est un des thèmes centraux de son épître. C'est la vérité qui apporte solidité à la pensée, stabilité mentale et cohérence dans le comportement humain, comportement qui correspond d'ailleurs à l'attente divine.
i) Une vérité exclusive
"La vérité est le monopole de la connaissance infinie, de l'omniscience." C'est ce qui ressort de la conversation que Thomas a avec Jésus et dans laquelle le Seigneur fait cette déclaration bouleversante: "Je suis le chemin, la vérité et la vie." (Jn 14:5-7) L'exclusivisme biblique repose sur le fait que Dieu s'est fait connaître, que Jésus est le Messie, la deuxième personne de la Trinité, Dieu lui-même. En tant que tel, il est la vérité. Il nous communique et nous manifeste la pensée de Dieu. C'est ce que Paul évoque lorsqu'il dit: "En lui (Jésus-Christ), encore, vous avez entendu la parole de vérité, l'Evangile qui vous sauve..." (Ep 1:13) C'est une parole à propos d'une personne. Elle dévoile sa pensée et son œuvre, et correspond à ce qui est. Elle est vraiment bonne nouvelle!
Et l'apôtre de continuer: "Pour vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins c'est bien lui que vous avez écouté, si c'est lui qui vous a été enseigné, conformément à la vérité qui est en Jésus..." (Ep 4:20-21) Ce message s'adresse à notre intelligence, on l'entend, il est l'objet d'enseignement puisqu'on l'apprend. Le Christ qu'enseigne l'Eglise est conforme à la vérité qui est en Jésus. Il n'y a pas de distance entre le Christ de l'Eglise et le Jésus de l'histoire. Il n'y a aucune place dans la pensée de l'apôtre pour la gnose ancienne ou moderne! Il s'agit donc d'une bonne nouvelle, ayant un contenu rationnel et précis, un contenu qui se communique. Elle ne se réduit pas à une expérience supra-rationnelle, subjective qui se partage on ne sait comment. L'homme peut l'examiner et même l'évaluer à la lumière des faibles capacités de son intelligence. C'est une parole ayant une dimension objective tout en étant profondément personnelle et ayant des implications pratiques.
ii) La vérité qui renouvelle
Cependant, Paul poursuit sa pensée: "...il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l'homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité." (Ep 4:22-24) L'homme tout entier, pensées, sentiments, volonté, est appelé au renouvellement dont le fondement et la source sont la vérité qui est en Christ-Jésus. Cette vérité qui me saisit éclaire mon intelligence obscurcie et répond non seulement au dilemme de l'homme, mais aussi à la question de son existence. Jésus n'est-il pas à la fois Créateur et Sauveur? N'est-ce pas lui qui donne son sens à la vie et fait naître à une espérance qui ne trompe pas?
Ainsi, ayant saisi cet enseignement, ou ayant été saisis par celui qui le donne, nous sommes au bénéfice de la stabilité dans nos pensées et de la constance dans notre vie. Ecoutons l'apôtre à nouveau:
Ainsi, nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. Mais confessant la vérité dans l'amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. (Ep 4:14-15)
iii) Vérité et amour
En Christ, nous avons accès à la vérité. C'est d'ailleurs une des tâches du Saint-Esprit, qui "sonde même les profondeurs de Dieu", que de nous révéler la pensée divine (I Co 2:10-16). Mais la connaissance que nous recevons ainsi n'est pas exhaustive, elle demeure partielle. C'est pour cela que Paul introduit la notion d'amour dans le passage que nous venons de citer (cf. 4:14-17). L'amour brûlant de Dieu et du prochain n'exige pas que l'on renonce à tout attachement à la vérité. Mais la vérité confessée sans un amour profond de Dieu et de notre semblable n'est qu'une caricature de la révélation de Dieu en Jésus-Christ où justice et bonté se sont embrassées, où vérité et amour se sont associés. Sous prétexte d'avoir accès à la pensée même de Dieu nous ne pouvons nous permettre d'écraser notre prochain. Mais sans une connaissance de la bonne nouvelle, il n'y a pas de salut et encore moins de sanctification. Nous l'avons évoqué en passant tout à l'heure, cette vérité qui nous réconcilie avec Dieu agit en nous pour nous transformer, pour créer en nous l'homme nouveau, selon Dieu, dans la justice et la sainteté2. Il n'y a pas de vie renouvelée sans conversion. Mais ce changement de mentalité que provoque la vérité produit des fruits de bonté, de justice et d'intégrité (Ep 5:9). Paul précise même très concrètement quels sont ces fruits de l'Esprit:
les rapports de confiance et de vérité (4:25);
la maîtrise de la colère injuste et rancunière (4:26);
la pratique d'une authentique éthique du travail et du partage (4:28);
la communication d'une Parole qui vivifie et renouvelle (4:29);
la manifestation concrète de bonté, de sensibilité accrue et de pardon (4:32).
Ainsi, au cœur de la révélation biblique se trouve la vérité. Elle est le point de vue de Dieu conforme en toutes choses à ce qui est. Puisqu'elle s'est incarnée en Jésus-Christ (Créateur et Sauveur), il s'agit d'une vérité personnelle, qui nous interpelle, qui nous appelle à la conversion, conversion de notre être tout entier et qui nous invite à manifester dans le cercle de notre vie l'homme nouveau créé à l'image du Christ.
II. Vérité et foi
Si j'ai évoqué cette question, c'est parce qu'il est fondamental pour nous, professeurs, théologiens, étudiants en théologie, simples fidèles, d'établir notre foi sur une juste compréhension de la vérité, de cette vérité que Dieu nous donne dans sa création3, mais qu'il nous communique plus spécifiquement par la Parole écrite et incarnée; vérité qui émane du "cœur" de Dieu et que nous pouvons connaître, comprendre réellement sans prétendre la saisir exhaustivement. Car il n'y a pas de vraie foi sans connaissance, sans compréhension. C'est précisément pour cela que les notions de vérité et de foi sont rattachées à la même racine en hébreu4. Lorsque foi, connaissance et vérité se conjuguent, elles donnent au croyant stabilité et assurance. Prenons comme exemple la parole du prophète Esaïe à Ahaz lorsqu'il tremble devant la menace de la Syrie (Aram) et d'Israël (Retsin et Pekah). Le prophète dit à Ahaz et au peuple: "Si vous ne croyez5 pas (en Dieu et dans ses promesses), vous ne serez pas solides, fermes, établis."6 (Es 7:9)
Cette vérité, nous pouvons la méditer, l'approfondir sans jamais nous lasser. Elle nous ouvre les yeux sur nos erreurs, sur le monde, sa détresse, sa soif... Cette vérité nous bouleverse dans nos habitudes de pensée et de vie... Elle nous invite à vivre toujours plus dans l'intimité de Dieu, notre Père. Cette vérité-là se nomme Jésus-Christ.
En conclusion de cette méditation, je voudrais vous laisser la réponse que Martin Luther donne dans son Catéchisme à la question "Que signifient les mots je crois en Dieu ?":
Les mots je crois en Dieu signifient :
1) Je sais ce que l'Ecriture sainte dit de Dieu (connaissance);
2) je le reconnais pour vrai (assentiment);
3) je mets mon entière confiance dans sa Parole (confiance)7.
Si nous voulons connaître la maturité dans nos vies et dans nos institutions diverses, il nous faut, comme Luther, ne pas craindre d'articuler connaissance, assentiment et confiance. Si nous voulons participer à la réforme et au réveil de nos Eglises, il nous faut retrouver toute la richesse et la vigueur de cette Vérité venue de Dieu qui suscite la foi et qui purifie et renouvelle le peuple qui a l'audace et le courage de se confier en elle.
1Soljenitsyne analyse fort bien cette perspective dans son ouvrage: Les pluralistes (Paris: Fayard, 1983), 9 ss.
2 = la piété, la vertu, c'est-à-dire un comportement conforme aux exigences de Dieu.
3 Il s'agit de la révélation générale que Dieu nous communique par la nature, par l'homme, être moral et personnel, et par l'histoire.
4 Emet (vérité) et emuna (fidélité, foi, fermeté) sont rattachés à la racine aman (être solide, digne de confiance; avoir confiance, croire); cf. amen: en vérité, ainsi soit-il.
5 Causatif (hiphil) de la racine aman: "avoir confiance, croire".
6 Passif (riphal) de la même racine: "être solide, ferme, digne de confiance".
7 M. Luther: Petit Catéchisme, édité par l'Eglise Evangélique Luthérienne (s.d.), 98.
Jean 14:5-7, 15-17; 16:12-15; 18:33-38 ; Esaïe 7:1-9
La notion de vérité a perdu au sein de notre culture de sa vigueur et de sa substance. En effet, on n'en parle plus guère au sens objectif, et encore moins au sens absolu. Lorsqu'on parle de vérité, on lui reconnaît le droit de cité dans le domaine des sciences mais on insiste aussitôt sur sa relativité. L'homme seul, fini, c'est-à-dire créé, ne peut avoir qu'une conception partielle et limitée de la vérité. Cette approche plus humble est saine dans la mesure où elle ne débouche pas sur le scepticisme. Qui peut prétendre à une connaissance exhaustive de la vérité?
Lorsqu'on parle de vérité aujourd'hui, on pense aussi au consensus, à l'opinion publique. Est vrai ce que croit la majorité de la société, d'un groupe, d'une communauté - que ce soit dans le domaine de la pensée ou des mœurs. C'est le consensus sociologique qui détermine la réflexion et le comportement de nos contemporains. Et comme les hommes ont soif d'infini, ils absolutisent très vite cette opinion publique!
Dans le domaine religieux, la vérité est essentiellement du domaine relatif et subjectif. Tout est vérité, quelle que soit l'opinion avancée, quel que soit le point de vue. Toute discussion objective, cohérente et intellectuelle de la vérité est mal vue. "Selon la bonne doctrine d'aujourd'hui, l'erreur a droit à sa part de représentation proportionnelle au sein de la vérité. Plus vous vous trompez, plus vous êtes dans le vrai." Il s'ensuit deux manières de la concevoir:
soit la vérité est une réalité qui constamment vous échappe. Elle suppose alors une quête sans fin, une recherche jamais assouvie;
soit elle s'identifie à l'expérience personnelle. Elle a alors une valeur subjective, individuelle mais sans fondement rationnel et objectif.
A plus d'un point de vue, notre époque partage le scepticisme de Pilate, qui, lorsque Jésus lui parle de vérité, répond: "Qu'est-ce que la vérité?" Elle recherche bien quelque chose, à tâtons, dans la nuit. Elle a soif d'absolu mais elle ne pense pas vraiment qu'il y ait une réponse. Bien souvent notre génération choisit d'être aveugle, "de réprimer, d'étouffer la vérité (de ce qui est) et de la retenir captive de l'injustice" (Rm 1:18)1.
I. La vérité de Dieu
Dans son épître aux Ephésiens, Paul revient sur cette notion à plusieurs reprises. C'est un des thèmes centraux de son épître. C'est la vérité qui apporte solidité à la pensée, stabilité mentale et cohérence dans le comportement humain, comportement qui correspond d'ailleurs à l'attente divine.
i) Une vérité exclusive
"La vérité est le monopole de la connaissance infinie, de l'omniscience." C'est ce qui ressort de la conversation que Thomas a avec Jésus et dans laquelle le Seigneur fait cette déclaration bouleversante: "Je suis le chemin, la vérité et la vie." (Jn 14:5-7) L'exclusivisme biblique repose sur le fait que Dieu s'est fait connaître, que Jésus est le Messie, la deuxième personne de la Trinité, Dieu lui-même. En tant que tel, il est la vérité. Il nous communique et nous manifeste la pensée de Dieu. C'est ce que Paul évoque lorsqu'il dit: "En lui (Jésus-Christ), encore, vous avez entendu la parole de vérité, l'Evangile qui vous sauve..." (Ep 1:13) C'est une parole à propos d'une personne. Elle dévoile sa pensée et son œuvre, et correspond à ce qui est. Elle est vraiment bonne nouvelle!
Et l'apôtre de continuer: "Pour vous, ce n'est pas ainsi que vous avez appris le Christ, si du moins c'est bien lui que vous avez écouté, si c'est lui qui vous a été enseigné, conformément à la vérité qui est en Jésus..." (Ep 4:20-21) Ce message s'adresse à notre intelligence, on l'entend, il est l'objet d'enseignement puisqu'on l'apprend. Le Christ qu'enseigne l'Eglise est conforme à la vérité qui est en Jésus. Il n'y a pas de distance entre le Christ de l'Eglise et le Jésus de l'histoire. Il n'y a aucune place dans la pensée de l'apôtre pour la gnose ancienne ou moderne! Il s'agit donc d'une bonne nouvelle, ayant un contenu rationnel et précis, un contenu qui se communique. Elle ne se réduit pas à une expérience supra-rationnelle, subjective qui se partage on ne sait comment. L'homme peut l'examiner et même l'évaluer à la lumière des faibles capacités de son intelligence. C'est une parole ayant une dimension objective tout en étant profondément personnelle et ayant des implications pratiques.
ii) La vérité qui renouvelle
Cependant, Paul poursuit sa pensée: "...il vous faut être renouvelés par la transformation spirituelle de votre intelligence et revêtir l'homme nouveau créé selon Dieu dans la justice et la sainteté qui viennent de la vérité." (Ep 4:22-24) L'homme tout entier, pensées, sentiments, volonté, est appelé au renouvellement dont le fondement et la source sont la vérité qui est en Christ-Jésus. Cette vérité qui me saisit éclaire mon intelligence obscurcie et répond non seulement au dilemme de l'homme, mais aussi à la question de son existence. Jésus n'est-il pas à la fois Créateur et Sauveur? N'est-ce pas lui qui donne son sens à la vie et fait naître à une espérance qui ne trompe pas?
Ainsi, ayant saisi cet enseignement, ou ayant été saisis par celui qui le donne, nous sommes au bénéfice de la stabilité dans nos pensées et de la constance dans notre vie. Ecoutons l'apôtre à nouveau:
Ainsi, nous ne serons plus des enfants, ballottés, menés à la dérive, à tout vent de doctrine, joués par les hommes et leur astuce à fourvoyer dans l'erreur. Mais confessant la vérité dans l'amour, nous grandirons à tous égards vers celui qui est la tête, Christ. (Ep 4:14-15)
iii) Vérité et amour
En Christ, nous avons accès à la vérité. C'est d'ailleurs une des tâches du Saint-Esprit, qui "sonde même les profondeurs de Dieu", que de nous révéler la pensée divine (I Co 2:10-16). Mais la connaissance que nous recevons ainsi n'est pas exhaustive, elle demeure partielle. C'est pour cela que Paul introduit la notion d'amour dans le passage que nous venons de citer (cf. 4:14-17). L'amour brûlant de Dieu et du prochain n'exige pas que l'on renonce à tout attachement à la vérité. Mais la vérité confessée sans un amour profond de Dieu et de notre semblable n'est qu'une caricature de la révélation de Dieu en Jésus-Christ où justice et bonté se sont embrassées, où vérité et amour se sont associés. Sous prétexte d'avoir accès à la pensée même de Dieu nous ne pouvons nous permettre d'écraser notre prochain. Mais sans une connaissance de la bonne nouvelle, il n'y a pas de salut et encore moins de sanctification. Nous l'avons évoqué en passant tout à l'heure, cette vérité qui nous réconcilie avec Dieu agit en nous pour nous transformer, pour créer en nous l'homme nouveau, selon Dieu, dans la justice et la sainteté2. Il n'y a pas de vie renouvelée sans conversion. Mais ce changement de mentalité que provoque la vérité produit des fruits de bonté, de justice et d'intégrité (Ep 5:9). Paul précise même très concrètement quels sont ces fruits de l'Esprit:
les rapports de confiance et de vérité (4:25);
la maîtrise de la colère injuste et rancunière (4:26);
la pratique d'une authentique éthique du travail et du partage (4:28);
la communication d'une Parole qui vivifie et renouvelle (4:29);
la manifestation concrète de bonté, de sensibilité accrue et de pardon (4:32).
Ainsi, au cœur de la révélation biblique se trouve la vérité. Elle est le point de vue de Dieu conforme en toutes choses à ce qui est. Puisqu'elle s'est incarnée en Jésus-Christ (Créateur et Sauveur), il s'agit d'une vérité personnelle, qui nous interpelle, qui nous appelle à la conversion, conversion de notre être tout entier et qui nous invite à manifester dans le cercle de notre vie l'homme nouveau créé à l'image du Christ.
II. Vérité et foi
Si j'ai évoqué cette question, c'est parce qu'il est fondamental pour nous, professeurs, théologiens, étudiants en théologie, simples fidèles, d'établir notre foi sur une juste compréhension de la vérité, de cette vérité que Dieu nous donne dans sa création3, mais qu'il nous communique plus spécifiquement par la Parole écrite et incarnée; vérité qui émane du "cœur" de Dieu et que nous pouvons connaître, comprendre réellement sans prétendre la saisir exhaustivement. Car il n'y a pas de vraie foi sans connaissance, sans compréhension. C'est précisément pour cela que les notions de vérité et de foi sont rattachées à la même racine en hébreu4. Lorsque foi, connaissance et vérité se conjuguent, elles donnent au croyant stabilité et assurance. Prenons comme exemple la parole du prophète Esaïe à Ahaz lorsqu'il tremble devant la menace de la Syrie (Aram) et d'Israël (Retsin et Pekah). Le prophète dit à Ahaz et au peuple: "Si vous ne croyez5 pas (en Dieu et dans ses promesses), vous ne serez pas solides, fermes, établis."6 (Es 7:9)
Cette vérité, nous pouvons la méditer, l'approfondir sans jamais nous lasser. Elle nous ouvre les yeux sur nos erreurs, sur le monde, sa détresse, sa soif... Cette vérité nous bouleverse dans nos habitudes de pensée et de vie... Elle nous invite à vivre toujours plus dans l'intimité de Dieu, notre Père. Cette vérité-là se nomme Jésus-Christ.
En conclusion de cette méditation, je voudrais vous laisser la réponse que Martin Luther donne dans son Catéchisme à la question "Que signifient les mots je crois en Dieu ?":
Les mots je crois en Dieu signifient :
1) Je sais ce que l'Ecriture sainte dit de Dieu (connaissance);
2) je le reconnais pour vrai (assentiment);
3) je mets mon entière confiance dans sa Parole (confiance)7.
Si nous voulons connaître la maturité dans nos vies et dans nos institutions diverses, il nous faut, comme Luther, ne pas craindre d'articuler connaissance, assentiment et confiance. Si nous voulons participer à la réforme et au réveil de nos Eglises, il nous faut retrouver toute la richesse et la vigueur de cette Vérité venue de Dieu qui suscite la foi et qui purifie et renouvelle le peuple qui a l'audace et le courage de se confier en elle.
1Soljenitsyne analyse fort bien cette perspective dans son ouvrage: Les pluralistes (Paris: Fayard, 1983), 9 ss.
2 = la piété, la vertu, c'est-à-dire un comportement conforme aux exigences de Dieu.
3 Il s'agit de la révélation générale que Dieu nous communique par la nature, par l'homme, être moral et personnel, et par l'histoire.
4 Emet (vérité) et emuna (fidélité, foi, fermeté) sont rattachés à la racine aman (être solide, digne de confiance; avoir confiance, croire); cf. amen: en vérité, ainsi soit-il.
5 Causatif (hiphil) de la racine aman: "avoir confiance, croire".
6 Passif (riphal) de la même racine: "être solide, ferme, digne de confiance".
7 M. Luther: Petit Catéchisme, édité par l'Eglise Evangélique Luthérienne (s.d.), 98.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire